photo by Kevin Truong
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Mathieu, in his own French words: “Pour moi être gay reste avant tout une question d’amour et de sexe, il s’agit de parvenir à vivre ses relations amoureuses le plus profondément et sincèrement possible comme tout à chacun sans se préoccuper des modèles déjà établis. Cette nécessité de rejeter la “norme” car non adaptée à ma réalité m’a permis de développer un réel sentiment de liberté et d’indépendance et m’a rendu à la fois plus fort et plus ouvert.
Je pense qu’être gay ne doit pas être un frein a la construction de sa famille et de son héritage, il nous faut réinventer ce concept et se le réapproprier pour qu’il colle à notre mode de vie. Mais au final, dans les faits, lorsqu’on est gay on appartient quand même a une communauté qu’on le veuille ou non et on finit par adopter certaines de ses habitudes, de ses réflexes, pour au final s’y sentir bien comme dans une vieille paire de chaussons. Par exemple, dans une ville étrangère je suis plus à l’aise dans un bar gay où je vais retrouver certains de mes repères et où j’ai la possibilité d’exprimer complètement qui je suis.
J’ai la chance de n’avoir jamais été confronté au rejet ou a la violence (du moins directement) du au fait de ma préférence sexuelle. L’un de mes moteurs est de vivre ma vie pleinement et honnêtement, je pense que les gens sentent que je n’ai nullement honte de qui je suis et m’accepte donc facilement car il ne s’agit que d’une part infime de ma personnalité. Le seul défi auquel je pourrais éventuellement être confronté à l’avenir est celui d’avoir des enfants et de parvenir à satisfaire à tous leurs besoins. Les choses évoluent (lentement mais surement) en France donc on peut espérer que les conditions seront réunies quand l’envie de créer ma famille se fera sentir.
A Paris la communauté gay est très présente mais également très localisée. Le Marais qui est le quartier gay central de la ville où sont présents la quasi totalité des bars et boîtes attire une grande partie des gays parisiens, il est fréquent de croiser des visages connus, ce qui est rare dans une capitale avec tant d’habitants. Cela donne un endroit très tolérant dans lequel se promener main dans la main avec son copain peut être monnaie courante et où les rencontres sont faciles à faire.
En parlant de “facile à faire”, mon coming out doit être le plus simple du monde, puisque c’est simplement ma mère qui a l’âge de 16 ans m’a annoncé que j’étais gay, qu’elle le savait et que cela ne posait aucun problème. Son seul souhait étant que je puisse vivre ma vie pleinement et partager avec ma famille mes peines et mes joies comme mes frères auraient pu le faire. Je lui suis très reconnaissant de ça car elle m’a aidé a accepter facilement les choses , elle est parvenue a dédramatiser la situation en s’en moquant et et en intégrant rapidement l’ensemble de mes proches. A l’époque lorsqu’elle l’évoqua à toute la fratrie le plus naturellement du monde au milieu du dîner familial entre le fromage et le dessert j’ai failli m’étrangler mais avec le recul là ou certains pourraient voir un “coming out forcé” je sais qu’ il s’agissait plutôt de me donner le courage d’affronter rapidement et sereinement qui j’étais. J’ai ainsi pu me rendre compte rapidement qu’au final il s’agissait de quelqu’un de très bien et que je pouvais être fier de celui que j’allais devenir. Je ne le dis jamais assez mais merci Maman ;)”
photo by Kevin Truong